Pourquoi aménager ce tronçon ?
Le cours d’eau a un régime hydrique particulier : si l’hiver son débit est celui d’un ruisseau, l’été il est à sec ; et si survient un orage violent sur Nehwiller ou un épisode pluvieux conséquent sur son bassin versant, il se transforme en un torrent violent, similaire au régime des oueds, dont les eaux boueuses et chargées dévalent la pente pour se déverser dans le delta du plan d’eau. De ce fait, ses alluvions et divers débris d’embacles charriés se déversent sur le delta, contribuant à son avancée dans le plan d’eau.
Les alluvions proviennent des terres arables de Nehwiller, leur érosion étant favorisée lorsqu’elles sont sans végétation ou par certaines cultures (maïs ou tournesol par exemple). Le phénomène appauvrit ainsi les parcelles agricoles du bassin versant. On peut ainsi constater une forte présence de pierres et cailloux sur les champs en sommet du coteau gauche du cours d’eau.
Par ailleurs, lors de ces épisodes violents, le cours d’eau peut déborder et envahir le parking ainsi que le sentier de promenade du plan d’eau, occasionnant des dégâts comme observé à plusieurs reprises au cours des dernières années.
La ville de Reichshoffen avait engagé une étude visant à maitriser ce phénomène, ou au moins à en réduire les effets ; la compétence des cours d’eau ayant été transférée à la CCPN, celle-ci a délégué la maitrise d’ouvrage à la ville de Reichshoffen pour réaliser le projet.
Réalisation des travaux
Ceux-ci ont pu être engagés au printemps 2020, immédiatement après le déconfinement COVID. On peut distinguer deux segments, de part et d’autre de la traversée du chemin rural :
La partie supérieure de la Moerdersklamm étant constituée de deux fossés rectilignes, elle est particulièrement favorable à l’accélération des eaux lors de la montée en charge, et empêche ainsi l’enracinement d’une végétation ligneuse qui pourrait ralentir les flots. Les travaux consistent à reprendre le tracé afin de le rendre sinueux avec de larges méandres. Les berges sont plantées d’un ripisylve dont l’enracinement stabilisera les sols. Le choix des essences comprend des mellifères, afin de favoriser la biodiversité.
Une zone enherbée d’une trentaine de mètres de part et d’autre du nouveau cours favorise la fixation des terres ; afin d’en garantir la pérennité, la ville a acquis les surfaces concernées, et les loue pour pâture à un exploitant agricole. Les ripisylves sont protégés par une clôture afin de favorise leur développement, cette dernière empêchant également le bétail de pénétrer dans le lit du cours d’eau qu’il risque de dégrader. A terme, les branches devraient se déployer et déborder la clôture ; le bétail en broutera les sarments inférieurs, créant une zone ombragée similaire à celle existante et observable en aval du pont.
Plusieurs enrochements sont réalisés en fond de rivière, afin d’éviter un ravinement du lit lors des épisodes pluvieux violents.
Un gué a également été réalisé, permettant la traversée des engins agricoles et celle du bétail.
En franchissement du chemin agricole, le cours d’eau est canalisé par la pose d’un xxx de section xy. Un encorbellement en pierres calcaires stabilise les seuils de part et d’autre du chemin. L’empierrement du tablier du pont est réalisé de façon à résister à un débordement en cas d’embâcle. Des pierres dépassants marquent le bord du pont, afin de visualiser ses limites en particulier lors des débordements.
Le tracé de la partie inférieure du cours d’eau n’a pas été repris. Les berges sont stabilisées par des arbres comportant en particulier des chênes centenaires remarquables. Le lit a été partiellement curé, afin de retirer des détritus métalliques ou des débris de maçonnerie. Les ravins servaient parfois de dépotoir…
Des enrochements en fond de lit ont également été réalisés pour éviter un ravinement trop profond. Un court segment constituant une zone étal a été préservé, la végétation en place constituant un frein à l’écoulement des eaux.
En contrebas, la présence d’une source a été détecté au pied de la rive : un aménagement spécifique, avec encorbellement du talus et empierrement de la zone pour pose d’un abreuvoir, permet de mettre à disposition du bétail de l’eau propre et renouvelée. Si le débit s’est quelque peu ralenti au cours de l’été, la source ne s’est pas tarie.
Un pont réalisé en bois permet au bétail de franchir le cours d’eau sans pénétrer dans son lit, dont l’accès est protégé par une clôture posée sur les deux rives du cours d’eau.
La ville étant déjà propriétaire d’une bande de prairie de part et d’autre de la rivière, il n’a pas été nécessaire de prendre des dispositions particulières pour garantir le maintien d’une zone herbée sur les deux talus.
Sur les deux coteaux en bordure de la partie inférieure du tracé traité, des fascines ont été mises en place dans les talwegs existants, afin de ralentir les descentes de crues en cas de grosses pluies ou d’orage.
Pérennité
La ville de Reichshoffen-Nehwiller étant propriétaire des rives du cours d’eau, l’entretien de cet ensemble relève de sa responsabilité, elle peut ainsi garantir le devenir du projet et de sa finalité. Le bail conclu avec l’agriculteur a une durée de 30 ans, permettant d’inscrire dans la durée les exigences relatives aux abords.
Par ailleurs, l’épisode pluvieux d’il y a quelques semaines a permis un essai en vraie grandeur des aménagements réalisés : le cours d’eau a suivi son nouveau lit sur le segment aménagé, n’a pas débordé sur le chemin agricole, n’a pas non plus détérioré les réalisations bien que la végétalisation du lit et de ses berges ne soit pas encore en place.
Un obstacle reste à réduire, très en aval, près du plan d’eau :
Le cours d’eau est canalisé pour la traversée du parking et du sentier, le segment reliant à la canalisation le débouché à la sortie de la digue constituée par l’ancienne route doit être renforcé
La digue constituée de l’ancienne route joue un rôle de régulation par fortes eaux, et peut être débordée au niveau de l’issue du chemin forestier : un aménagement est nécessaire afin de guider cet écoulement dans sa traversée du parking, en évitant le ravinement.
Article : Jean-Guy Clément.